Une méthodologie rigoureuse
Le Dr Claire Meurillon précise : « Vis-à-vis du coronavirus, éliminer le risque à la source dépasse le cadre de l’entreprise. Par contre, évaluer le risque pour chaque situation de travail afin d’identifier les mesures organisationnelles, humaines et techniques nécessaires, pour la prévention du Covid-19, relève de l’entreprise et du collectif de travail. Cette évaluation repose sur une connaissance des situations réelles de travail. Dans le cas de la Ressourcerie, ces mesures de prévention concernent autant les salariés que les clients, sur des activités bien particulières : dépôts et collecte, entreposage et tri, préparation et mise en vente ou en recyclage.» Cette évaluation et les mesures de prévention adoptées sont alors intégrées dans le Document unique d’évaluation des risques.
La logique du Plan de reprise d’activité
Pour élaborer le plan de reprise d’activité, l’employeur doit mettre en œuvre une démarche d’évaluation et de prévention des risques COVID. De plus, dans le cadre de cette activité professionnelle, il doit intégrer les interactions avec le public en plus de la gestion des risques de contamination du personnel, afin d’assurer la santé et sécurité de chacun. Pour ce faire, il doit procéder à l’évaluation des risques professionnels : c’est la démarche sur laquelle nous avons accompagné Monsieur Baralle et l’entreprise afin de mettre en place les mesures de prévention adaptées.
Notre méthodologie proposée à nos adhérents, et dans ce cas à Monsieur Baralle est la suivante avec des éléments très précis de l’entreprise pour illustrer cette démarche :
- Identification des activités à maintenir en priorité dans l’établissement : Le point de départ de notre réflexion a été de hiérarchiser les activités et d’identifier celles à maintenir en priorité et pouvant être maintenues, pour assurer la survie de l’entreprise.
- Analyse des situations à risques / postes de travail ; Nous pouvons citer ici la particularité du contact habituel avec le public ou objet destinés à la ressourcerie. Une partie de l’évaluation a par exemple concerné les activités de dépôt vêtements ou de meubles dans les locaux, mais également la collecte faite directement chez les particuliers. Certaines situations de travail ont bien sûr été décalées dans le temps et n’ont pu redémarrer juste après le déconfinement afin de garantir des bonnes conditions sanitaires ; Il a fallu attendre la mise en place d’un encadrement spécifique pour les équipes et une évaluation particulière.
- Mesures OTH sur la base de la doctrine sanitaire et des mesures environnementales : « La question des masques se pose bien sûr après cette analyse… et non pas avant ! », poursuit le Dr Claire Meurillon. Pour Baptiste Le Rioux, « Sur ces activités, priorité est donnée à l’identification des mesures de protection collective, avant de raisonner port du masque. N’oublions pas qu’au moment où nous avons fait notre analyse… les masques étaient plutôt rares ! » Par exemple, l’utilisation et le roulement des véhicules ont été adaptés pour respecter les règles d’hygiène afin de limiter le nombre de chauffeurs par véhicule, limiter le nombre d’encombrants dans la limite des places disponibles, mise en quarantaine des meubles... Sur chaque poste et chaque machine, des protections ont été installées. Le marquage au sol a été effectué, tant pour les salariés que les clients. Toute l’organisation de nettoyage et de désinfection a été revue, en prêtant attention au stockage des solutions hydro-alcooliques qui sont inflammables… Les temps de pause et de restauration ont été réorganisés pour un usage adapté des locaux.
- Mise en application et communication ; l’entreprise a réalisé des fiches explicatives à chaque situation, afin de parfaire l’information des salariés et il est prévu des séances de sensibilisation sur le risque COVID avec le Service de Santé au Travail dans un premier temps à des référents COVID / ambassadeurs afin qu’eux même soient partie intégrante de cette démarche.
- Retranscription de cette évaluation dans le document unique.
ET SURTOUT >> Evaluation en lien avec tous les acteurs de l’entreprise pour faire adhérer les salariés et avoir un retour d’expérience et des modifications / améliorations à apporter : rappelons qu’il faudra s’adapter constamment et faire évoluer les mesures en place en fonction des changements possibles de situations et des circonstances.
Pour terminer, un point de vigilance particulier sur les nouvelles organisations qui seront susceptibles de transformer les situations de travail des salariés. Dans cette préparation et cet accompagnement, il était donc essentiel d’en échanger au préalable afin de prendre en compte l’ensemble des risques de santé et sécurité liés à ces nouvelles situations : citons par exemple le télétravail, le risque chimique, travail avec un effectif réduit…
La mise en œuvre et le dialogue social
Le Dr Claire Meurillon et Baptiste Le Rioux sont allés plus loin que la prescription de mesures de prévention : ils ont accompagné La Ressourcerie dans la mise en œuvre, qui passe par l’adhésion des salariés. « Le ré-accueil des salariés a demandé un travail d’information, de formation et d’échanges. De l’évaluation des risques à l’adoption de mesures de prévention, en passant par la concertation, l’information et le dialogue social, tout ceci a présenté un travail considérable pour La Ressourcerie », souligne le Dr Claire Meurillon. Et Vincent Baralle confirme : « Au-delà de la mise au point de protocoles, nous avons organisé des réunions régulières de notre CSE, pour échanges et validations. Nous avons réuni nos salariés autant de fois que nécessaire. Nous avons réalisé des entretiens individuels. Sans compter la gestion de trésorerie… Effectivement, nous n’avons pas compté nos heures. Parfois, j’ai eu l’impression que nous accouchions d’une « usine à gaz », vu le nombre de questions à traiter. Lors de partage d’expériences avec l’ARACT, j’ai compris que nous avions été « pro ». Nous avons réussi à maintenir notre activité et l’accompagnement de nos salariés en insertion. C’est l’essentiel ! »