La méthode...
Deux services de santé au travail, l’ASTAV à Valenciennes et STSA à Louvroil, ont étroitement collaboré pour apporter à l’E2C Grand Hainaut un accompagnement unique et adapté pour la prévention des risques psychosociaux. En un an, les choix méthodologiques ont permis de créer dialogues, confiance et construction de consensus pour un plan d’actions de prévention adapté et une prise en compte au quotidien des risques psychosociaux. Trois dates clés sont à retenir : mise en place du Comité de Pilotage RPS en février 2017, restitution d’un diagnostic établi par groupes d’échanges en juillet 2017, restitution participative sur un mode ludique à l’ensemble du personnel en décembre 2017.
Un Comité de pilotage RPS représentatif en février 2017
Un Comité de Pilotage RPS a été mis en place avec un pilote à Maubeuge et un pilote à Anzin, près de Valenciennes. Pour Cathy Ducrocq, il faut prendre le temps de le mettre en place et de l’animer : « Ce Comité de Pilotage est composé de collaborateurs volontaires, représentatifs de toutes les fonctions (Cadres, formateurs et administratif), des sites (Anzin et Maubeuge), et des IRP avec titulaires et suppléants. Sa mission : sensibiliser, (in)former et emmener dans une démarche collective et participative. Il se réunit tous les mois, voire tous les deux mois. Ses membres ont donc l’habitude de travailler ensemble pour identifier situations à risque et solutions. Il travaille par projet, toutes fonctions confondues, dans une amélioration continue. Il a conduit à une réflexion collective de qualité, dans laquelle nous redonnons du sens à nos métiers et nos collaborations. Il nous faut toujours être en contribution positive : cela doit s’appliquer tant sur le plan individuel que collectif. Il nous faut arriver à un bon climat de travail : convivial, solidaire et professionnel, avec nos indicateurs de réussite ».
Des groupes d’échanges : le diagnostic collaboratif
Pour Sabrina Girard, ergonome à STSA : « Nous avons aidé l’E2C Grand Hainaut à réaliser un diagnostic en interne. Des groupes d’échanges (cadres, formateurs et administratifs), sur Anzin et Maubeuge, ont été constitués pour identifier les situations à risque. Ces groupes ont également travaillé sur les possibilités de solutions : soit existantes, soit nouvelles. Ils apportent à l’entreprise différentes pistes de travail ». Justine Hilaire, psychologue du travail à l’ASTAV, souligne l’importance d’une méthodologie progressive : « Nous avons travaillé étapes par étapes : groupes d’échanges avec chaque unité de travail, puis synthèse et compilation, puis restitutions, tant devant le Comité de Pilotage que devant l’ensemble du personnel ». Elle précise : « La prévention des risques psychosociaux est un travail qui s’inscrit dans la durée. Il faut agir avec des délais suffisants, pour préserver l’appropriation par l’ensemble du personnel et la direction. Nous ne nous substituons pas à l’entreprise. Nous lui apportons conseils et accompagnement pour la rendre autonome ». Ces groupes d’échanges ont garanti le caractère participatif de la démarche. Les acteurs en interne ont ainsi pu se mobiliser pour partager une vision commune.
Une restitution ludique et participative à l’ensemble du personnel
En juillet 2017, une restitution de l’ensemble des travaux réalisés par les groupes d’échanges a été réalisée en Comité de Pilotage RPS. Pour consolider la démarche, il fallait aussi faire une restitution et des échanges avec l’ensemble du personnel, pour construire un plan d’actions de prévention… et le faire vivre ! Les 27 collaborateurs/trices de l’E2C Grand Hainaut ont été réunis le 5 décembre 2017. Ils ont découvert une animation particulièrement ludique… Et, surtout, ils y ont participé ! Sabrina Girard explique : « Nous avons fait une restitution classique sur une heure trente, suivie d’un jeu sur une heure trente. Soit une après-midi. Avec 30 personnes toutes fonctions confondues : cadres, secrétaires, formateurs. Nous avons adopté la méthode du “ Jeu de cadres de THIAGI “. Cette méthode (expliquée sur le site thiagi.fr) repose sur des principes ludiques de pédagogie interactive et collaborative. Pour Justine Hilaire : « Le but est de libérer les paroles et de permettre la construction de consensus. Le jeu de THIAGI ouvre cette parole en la rendant accessible à chacun quel que soit son statut. Ce jeu est garant d’une discussion franche et constructive, en stimulant les réflexions individuelles et le partage d’idées ou de propositions ». Chaque participant dispose de cartes pour écrire quatre idées générales. Soit au total, chez l’E2C Grand Hainaut, 120 idées générales personnelles collectées en quelques minutes. Les cartes sont redistribuées entre tous les participants. Chacun réfléchit avec les idées des autres. Les participants échangent, classent les cartes, font “ du troc “ avec ces cartes. Chacun doit toujours avoir trois cartes dans ses mains… Puis, des groupes de 5 à 6 participants sont constitués. Les membres du groupe s’accordent pour garder trois cartes… Sabrina Girard explique : « A ce stade, les participants échangent afin d’arriver à un consensus, participatifs et collaboratifs, en retenant les 3 idées qui leur correspondent le mieux à tous. Chaque groupe doit ensuite représenter les idées sur un poster seulement avec des dessins. Enfin les participants doivent deviner les idées représentées sur chaque poster. Ce jeu permet de libérer la parole sur un sujet souvent vécu de façon pudique et de montrer aux participants qu’ils partagent des valeurs communes ».
Un plan d’actions
Pour Cathy Ducrocq, directrice de l’E2C Grand Hainaut, cette méthodologie a été très productive : « Elle a permis à chacun de s’exprimer et d’être pris en compte dans un échange collectif et constructif. Outre l’appropriation par l’ensemble des équipes des pistes d’actions, celles-ci sont très concrètes et correspondent aux réalités vécues sur le terrain. Par exemple : jeunes et comportement agressif, accompagnement social et écoute des difficultés, gestion de l’urgence et de la polyvalence, aider au mieux sans jugements ni culpabilité, charge de travail durant les absences de collaborateurs, mutualisation des fonctions, harmonisation des pratiques. Nous traversons souvent des épisodes de travail en tension. Des temps de régulation pour toutes les équipes sont mis en place : des décisions doivent être prises collectivement. Le Comité de Pilotage RPS est régulièrement informé des problématiques et des solutions identifiées. La communication interne est capitale ». Ces exemples illustrent comment des solutions spécifiques à l’E2C Grand Hainaut ont été trouvées.
Une coopération intelligente
Sabrina Girard, ergonome à STSA, souligne l’importance de la collaboration entre l’ASTAV et STSA : « Cette collaboration, en bonne intelligence entre les deux services, a été essentielle pour l’E2C Grand Hainaut. Ma collègue et moi avons été ensemble force de proposition, tout au long de l’accompagnement. Nous nous sommes fait confiance, en se laissant la liberté d’essayer des choses nouvelles ». Justine Hilaire, psychologue du travail à l’ASTAV conclut : « La concertation entre les deux services de santé au travail a été essentielle afin de construire une vision commune globale, qui a été enrichie par la complémentarité de nos profils et de nos références ».