La méthodologie...
Pour Jean-Marc D’Hooren, le secret de la réussite repose sur le croisement des regards, le retour d’expérience et la progressivité. « Il faut y aller par étapes ! Au début, nous avons été un peu noyés par l’ampleur des dispositions à prendre et la masse des informations, parfois évolutives et contradictoires. Nous avons une organisation en territoire. Nous avons pu échanger au sein de notre interrégion Nord-Est, gérée par Mme Gisèle Leclaire, entre le CRP de Roubaix, le CPO (Centre de Préorientation) de Valenciennes et le CPO-CRP de Metz. A Roubaix, les experts du SIM’UP, spécialisés en santé au travail, nous ont été d’un apport essentiel. Ils font autorité dans leur domaine et fertilisent les expériences de plusieurs entreprises. Enfin, sans dialogue social, nous ne pouvons pas traverser une telle crise sanitaire. »
Inventer
En entretenant ce dialogue au sein du centre, malgré les mesures de confinement, Jean-Marc D’Hooren et son équipe ont procédé à une analyse exhaustive de leur organisation, de leurs locaux et des situations de travail. « Durant cette période de confinement, l’établissement a toujours été en mouvement », souligne Jean-Marc D’Hooren. « Nous avons analysé nos locaux, avec ses capacités et ses modalités de circulation, notre organisation avec nos temps de travail ou de pause, les équipements de protection individuelle à mettre à disposition, etc. » Ce travail a notamment mobilisé les compétences des chefs de service, de l’infirmière et de l’agent de prévention de l’établissement.
Tester
« Une fois que tout a été mis en place, nous l’avons testé, avec nos formateurs et le personnel du pôle médico-psychosocial-insertion. Ce fût la deuxième étape. Avant ce test, nous avions reçu les experts du SIM’UP pour avoir leur validation », résume Jean-Marc D’Hooren. Infirmière en santé au travail au SIM’UP, Anne Isabelle Afonso souligne la notion de protocole : « Quand nous avons visité le centre, nous avons découvert une démarche très aboutie de protocoles et de fiches métiers. Nous les avons validés, après examen de chaque situation de travail, tant au niveau des professionnels du centre qu’au niveau des usagers. Il faut intégrer que les usagers du CRP sont fragilisés par des handicaps parfois majeurs. » Les procédures de désinfection ont été ajustées après la visite des experts en santé au travail du SIM’UP, notamment sur l’usage de l’eau de Javel.
Informer
Jean-Marc D’Hooren poursuit : « Une semaine après le test, nous avons ré-accueilli nos premiers usagers. C’était une étape délicate, car plusieurs d’entre eux sont porteurs de handicaps moteurs et/ou psychologiques plus ou moins importants. Nous avons franchi cette étape avec succès. Y aller doucement en prenant le temps de dialoguer avec chacun est essentiel. » Anne Isabelle Afonso confirme : « Informer et dialoguer prend tout son sens. Car les usagers ont découvert des lieux de formation transformés et des usages totalement nouveaux. Si le remise en activité sur site fonctionne, c’est parce que ce temps d’information personnalisé a été respecté. Nous avons contribué à la diffusion des Guides et Fiches métiers du gouvernement. » Thomas Blanquin contextualise cette situation : « Finalement nous avons poursuivi et maintenu nos grandes missions, en appliquant l’ordonnance du 1er avril relative aux services de santé au Travail. Nous avons conseillé et informé nos entreprises adhérentes, tant au niveau des employeurs que de leurs salariés, notamment par visioconférence. Nous avons d’ailleurs assisté à plusieurs CSE en visioconférence. Nous avons également assuré une permanence téléphonique continue. » Le Dr Alain Maes conclut : « Nous avons aussi assuré le suivi de santé individuel, en nous adaptant à ce contexte si particulier. » Au SIM’UP, avec ou sans confinement, la « santé au travail » est toujours là, aux côtés des entreprises adhérentes.