Témoignages
Soudage à l’arc : l’attention est de mise !
Santé au Travail de Valenciennes (ASTAV)
Le soudage à l’arc requiert une attention permanente. Pour le soudeur d’une part, et de l’entreprise d’autre part. De la part du soudeur, car le geste demande une vigilance soutenue, une précision importante et une régularité parfaite. De la part de l’entreprise, car le soudage à l’arc émet un panache de gaz et fumées, dont il faut se protéger. Afin de toujours mieux conseiller les entreprises, l’Association de Santé au Travail de Valenciennes (ASTAV) et la Caisse d’Assurance Retraite et de Santé Au Travail Nord-Picardie (CARSAT) ont réalisé une étude auprès de 137 soudeurs volontaires. Ces soudeurs à l’arc travaillent dans 6 entreprises différentes, dont 3 d’entre elles ont plus de
50 salariés, les 3 autres moins de 10.
Cinq conditions fondamentales sont nécessaires pour réaliser une telle étude : avoir un protocole rigoureux, avoir l’accord des entreprises, respecter le volontariat des salariés, avoir des moyens de prélèvement et d’analyses fiables et… être une équipe pluridisciplinaire ! Seule une telle équipe peut mener à bien ce type d’étude, car il faut raisonner d’une part sur l’environnement de travail, avec des compétences techniques, organisationnelles et médicales. Le groupe de travail mis en place par l’ASTAV et la CARSAT Nord Picardie en est la parfaite illustration (voir encadré). L’intérêt de l’étude est qu’elle porte pour un bassin d’emploi, sur des situations réelles de travail en mutualisant les connaissances provenant de plusieurs entreprises. Ceci permet d’orienter pragmatiquement les améliorations à entreprendre en matière de maîtrise des risques.
L’évaluation des risques CMR et Aluminium
L’étude commune ASTAV-CARSAT a pour objectif d’évaluer les risques Cancérogènes, Mutagènes et toxiques pour la Reproduction (CMR) et le risque lié à l’aluminium, rencontrés chez les soudeurs à l’arc du Valenciennois. Il s’agit d’opérateurs volontaires, effectuant une tâche de soudage à l’arc pendant au moins 1 heure par jour, depuis plus d’une semaine. Le Valenciennois comporte une importante activité sidérurgique et ferroviaire, réservoir qui a fourni les soudeurs volontaires inclus dans l’étude.
Un raisonnement« Exposition-Imprégnation »
Le protocole scientifique de l’étude est basé sur deux types de dosages : dosages dans l’air respiré et dosages urinaires. Dans l’atmosphère, les dosages des fumées de soudage, du fer, du chrome total et du chrome héxavalent, de l’aluminium, du manganèse, du nickel, du cuivre, du zinc, de l’arsenic, du béryllium et du cobalt ont été effectués. Les dosages urinaires ont cherché à mettre en évidence l’imprégnation potentielle des salariés à l’aluminium, au nickel, au chrome et/ ou au manganèse. On raisonne donc à la fois sur les concentrations atmosphériques des métaux dans l’air ambiant et sur ce que les salariés ont réellement absorbé par les voies respiratoire, digestive et/ou cutanée. Le résultat des différents dosages est comparé aux valeurs limites disponibles, sur le plan règlementaire et/ou au niveau des publications scientifiques.
La participation volontaire de 6 entreprises et de 137 soudeurs
Une telle démarche demande une déontologie partagée entre les entreprises, leurs salariés et les intervenants extérieurs. Respect du secret professionnel et de fabrication, volontariat des entreprises et de leurs salariés, respect de la confidentialité des données médicales sont les principes directeurs de cette déontologie. Les restitutions individuelles se font au sein du colloque singulier « salarié-médecin du travail ». Les restitutions collectives se font dans le respect de l’anonymat.
Le groupe de travail ASTAV/CARSAT
S. Crucq, médecin du travail, ASTAV
A. Delagrange, médecin du travail, ASTAV
C. Dollé, ingénieur de prévention, CARSAT Nord-Picardie
M. Gillet, contrôleur de sécurité, CARSAT Nord Picardie
S. Klonaris, médecin du travail, ASTAV
D. Leroy, médecin du travail, ASTAV
M.B. Leleu, assistante en santé au travail, ASTAV
S. Pecqueur, médecin du travail, ASTAV
L. Pereira, toxicologue industriel, ASTAV
P. Pusch, contrôleur de sécurité, CARSAT Nord-Picardie
A. Soyez, ingénieur de prévention, responsable du Laboratoire Interrégional de Chimie Toxicologique, CARSAT Nord-Picardie
Les résultats en 5 points
• Les dosages atmosphériques sont interprétés par rapport aux Valeurs Limites d’Exposition Professionnelle (VLEP), en tenant compte des métaux soudés (acier, acier/inox, acier galvanisé, aluminium), des procédés de soudage (MIG comme Metal Inert Gas, MAG comme Metal Activ Gas), des positions et conditions de travail (ex. : espace confiné ou non), des dispositifs présents ou pas de captage des fumées (aspiration locale et/ou ventilation générale), des conditions climatiques (présence de courants d’air ou de vent, vitesse d’air, tests de fumigènes, température ambiante). Au total, 54 prélèvements d’air, représentant près de 500 dosages, ont été effectués.
• Les dosages biologiques sont interprétés par le médecin du travail par rapport à des valeurs de référence nationales ou internationales (ex. : VGF comme Valeurs Guides Françaises ou émises par le Groupe Scientifique pour la Surveillance des Atmosphères de Travail sous le patronage du Ministère du Travail) en tenant compte des données médicales individuelles. Ces dosages donnent une information sur : l’imprégnation des salariés à un moment précis dans des conditions d’exposition bien définies. Au total, 134 prélèvements urinaires, représentant plus de 500 dosages, ont été effectués.
• Globalement, pour la qualité de l’air au travail, 13 postes de soudage présentent des dépassements avérés de la VLEP des fumées de soudage. Deux de ces postes présentent également un dépassement des VLEP pour le fer et le manganèse.
• Au niveau des dosages urinaires, des taux supérieurs aux Valeurs Guides Françaises ont été retrouvés pour l’aluminium, le nickel.
• Dans le cadre de cette étude, il apparaît une nette différence entre les TPE et les grandes entreprises. Le dépassement des Valeurs Limites d’Exposition Professionnelle est nettement plus fréquent dans les TPE que dans les grandes entreprises. Alors que l’imprégnation biologique des salariés apparaît globalement plus basse pour les TPE que pour les grandes entreprises. Cette conclusion a priori inverse à ce qui était attendu est à mettre en correspondance avec les conditions de travail et d’activités de soudage. En effet, dans les grandes entreprises, bien que les moyens de protection collective et individuelle soient plus importants que dans une petite entreprise, le soudeur à l’arc a une activité de soudage plus soutenue (soudage quotidien). Ce type d’étude permet d’apporter aux entreprises des conseils précis pour les investissements relatifs à la prévention des risques professionnels.
(Publié dans le N°21 : Partir, c'est bien... arriver, c'est mieux !) le 26/02/2013
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