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LABORATOIRE UNITHER

Maintien en emploi: « l’aventure » d’Isabelle

Quand l’inaptitude médicale au poste de travail se profile, il faut penser à l’avenir !  Assez tôt et tous ensemble : employeur, salarié et médecin du travail ! C’est « l’aventure » vécue par Isabelle Verbost, au sein du Laboratoire Unither à Amiens. Son médecin du travail, le Dr Marie-Aude Gudin, de l’ASMIS (santé au travail de la Somme) le confirme.

Implanté à Amiens, le Laboratoire Unither, appartenant au groupe Unither Pharmaceuticals[1], est spécialisé depuis 26 ans dans la production d’unidoses stériles (ex. : collyre, médicaments pour l’asthme, sérum physiologique en fioles de polyéthylène, etc.). Avec 350 collaborateurs, il produit chaque année 1,5 milliard d’unidoses, dispensées à travers le monde entier.

Isabelle, d’opératrice-régleuse à aide-laboratoire

Isabelle Verbost témoigne : « J’étais très bien comme opératrice-régleuse sur la ligne de production. Suite à des ennuis de santé, j’ai dû admettre que cela n’était plus possible. Heureusement, j’ai été très bien suivie. En 2020, j’ai accepté un coaching de reconversion sur trois mois. On doit alors faire un travail sur soi, pour avoir des pistes, dans l’entreprise ou à l’extérieur. Le poste d’aide laboratoire a été identifié, dans l’entreprise. Actuellement, je suis à l’essai sur 6 mois. J’apprends l’informatique. Cela se passe très bien. Normalement, au 1er septembre, je deviens définitivement aide-laboratoire ».

Laboratoire Unither : le coaching de reconversion

Mathieu Vannier est responsable HSE et services généraux au Laboratoire Unither : « La réussite repose sur l’anticipation et la confiance entre salarié, médecin du travail et Direction. Le Dr Marie-Aude Gudin y contribue en permanence. Isabelle Verbost s’est impliquée dans la recherche de solutions. Acceptant à l’été 2020 le coaching de reconversion[2] proposé par la Direction, elle a défini son projet professionnel, puis identifié des postes de travail au sein de l’entreprise. Un premier essai de quelques semaines a permis de valider l’une des options. Un deuxième essai de plusieurs mois est en cours. A son terme, si l’affectation à ce poste est validée par la salariée, le manager, le médecin du travail et la Direction, la décision de reclassement sera effective. Tout cela demande aussi des échanges permanents ».

ASMIS : le suivi personnalisé de santé au travail

Le Dr Marie-Aude Gudin, référente maintien dans l’emploi à l’ASMIS, précise : « De 2017 à 2020, à chaque arrêt maladie et visite de pré-reprise, nous franchissions une étape. En 2018, le temps partiel thérapeutique et la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé ont été cruciaux. Réaliser le coaching durant un arrêt maladie, notamment grâce à un essai encadré, a été possible avec l’accord de l’Assurance Maladie ».  Stéphanie Varlet est assistante sociale au Pôle Social de l’ASMIS : « Nous accompagnons le(la) salarié(e) dans toutes ses démarches. Nos délais d’instruction sont très courts, grâce à la cellule locale de coordination pour la prévention de la désinsertion professionnelle ». Le Dr Marie-Aude Gudin conclut : « Pour réussir une telle démarche, il faut avoir trois alliés : le temps, la volonté de chacun, le lien entre tous les acteurs concernés ».




LABORATOIRE UNITHER

350 salariés

Mathieu Vannier, responsable HSE et services généraux

Isabelle Verbost, aide laboratoire

AMIENS

SANTE AU TRAVAIL DE LA SOMME (ASMIS)

[1] Entreprise française implantée en France, aux USA, au Brésil et en Chine, leader mondial de la fabrication en sous-traitance de produits pharmaceutiques en Unidoses.
[2] Financé par HandiEM (Association paritaire qui gère le Fonds Handicap de la branche des entreprises du médicament, pour le maintien et le développement de l’emploi des personnes handicapées) et réalisé par HandiExpeRH (cabinet conseil en Santé et Qualité de Vie au Travail).

(Publié dans le N°55 : La reprise, en santé !) le 01/07/2021

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Le suivi personnalisé et le coaching de reconversion

Le suivi personnalisé de santé au travail de l’ASMIS

Médecin référent maintien dans l’emploi à l’ASMIS et médecin du travail pour le Laboratoire Unither, le Dr Marie-Aude Gudin explique : « Un parcours tel que celui d’Isabelle Verbost, qui s’est déroulé sur quatre ans, est possible grâce au suivi personnalisé que nous apportons en tant que médecin du travail. Durant ces quatre ans, j’ai été en dialogue permanent avec Madame Isabelle Verbost et Mathieu Vannier, responsable HSE et services généraux chez Unither. La qualité de ce dialogue tripartite est essentielle. J’apporte l’éclairage médical, sans enfreindre l’obligation de secret médical. C’est ainsi que, progressivement, j’ai pu aborder la question de l’inaptitude médicale au poste d’opérateur-régleur, qui se profilait de manière certaine dès 2018. Les visites de pré-reprise sont essentielles. Le temps partiel thérapeutique a été très précieux, dans la progression de la réflexion collective. Nous traversons des moments très délicats sur le plan humain. Par exemple, faire la demande de reconnaissance de la Qualité de travailleur handicapé est toujours difficile. C’est une étape cruciale, où le salarié change de regard sur lui-même. Pour Madame Verbost, en parallèle et en coordination avec le coaching de reconversion proposé et mis en place par l’entreprise, j’ai pu bénéficier de l’ingénierie sociale apportée par le pôle social de l’ASMIS. C’est un travail d’équipe. Pour Madame Isabelle Verbost, la mise en œuvre du coaching pendant son arrêt maladie n’a été possible qu’avec l’autorisation de l’Assurance Maladie. J’ai aussi utilisé les possibilités de l’essai encadré qui aujourd’hui peut durer 15 jours. Bien sûr, je reste dans ma mission principale : déterminer l’aptitude médicale au poste de travail. Par exemple, dans le cas de Madame Verbost, j’ai mis mon veto sur une proposition de poste. Sur le poste actuel d’aide laboratoire, j’ai prescrit des restrictions d’aptitude. Tout cela n’est possible que si le dialogue entre salarié, employeur et moi-même est excellent ! ».

L’importance du pôle social de l’ASMIS

Assistante sociale au pôle social de l’ASMIS, Stéphanie Varlet explique : « Je suis intervenue à partir d’août 2020, au moment de l’ouverture du coaching de reconversion qui a duré deux mois. Madame Verbost est alors en arrêt maladie. Il nous faut donc l’accord du médecin conseil auprès de la Caisse primaire d’Assurance Maladie. Déposé le 22 janvier au service social de la CARSAT (secrétariat et pilotage de la cellule locale de coordination de la PDP), le dossier de Madame Verbost est passé en commission locale de coordination de la prévention de la désinsertion professionnelle, avec avis favorable le 1er février pour un début d’essai encadré. Nous avons fait une nouvelle démarche pour pouvoir réaliser l’essai encadré, afin que Madame Verbost puisse tester le poste d’aide-laboratoire sur quelques semaines. Un essai encadré repose sur une convention salarié-employeur-médecin du travail validé par la CPAM, car l’Assurance Maladie le prend à sa charge durant la période d’arrêt maladie. Grâce au travail en réseau, pratiqué depuis des années, nous obtenons donc des délais d’instruction très court pour nos demandes. Au-delà de " faire les dossiers ", la relation humaine avec le salarié concerné est extrêmement précieuse.  Il s’agit de son avenir professionnel, donc de son avenir personnel ».

Le coaching de reconversion du Laboratoire Unither

Responsable HSE et services généraux au Laboratoire Unither, Mathieu Vannier explique : « L’objectif de ce coaching est d’établir un nouveau projet professionnel, soit en interne, soit en externe. Il se déroule en trois étapes, sur la base de l’accord et du volontariat du salarié ».

  • Première étape : élaboration d’un projet

Une table ronde d’ouverture de coaching a été organisée en septembre 2020 avec la salariée, son manager, le responsable HSE, le responsable RH, en présence du Dr Marie-Aude Gudin et de la coach HandiExpeRH.  « L’objectif est de partager les données d’entrée, de s’inscrire dans le coaching de reconversion, d’expliquer le parcours et les souhaits. Respectant le secret médical, le médecin du travail nous fait part des aptitudes actuelles et potentielles du salarié. Puis, un travail entre le coach et le collaborateur est engagé, sur site et hors site (ex. espace de co-working). Le coach fait un point sur les compétences (formation initiale, cursus en milieu professionnels, tests). Il fait aussi un travail sur le projet et les souhaits du collaborateur. Des pistes chez Unither ou hors Unither, avec ou sans formation en interne ou en externe, sont alors identifiées. Le collaborateur cherche des renseignements sur les métiers identifiés. Au sein d’Unither, par exemple, il va voir les postes identifiés et échange avec les titulaires. Cela permet de valider si, pour lui, telle ou telle option est envisageable. Ensuite, une synthèse est faite avec le coach.»

Une table ronde de clôture est réalisée avec les mêmes participants que lors de la table ronde d’ouverture. « Le collaborateur y présente les solutions identifiées qu’il souhaite partager. Généralement, le collaborateur choisit de ne présenter que les solutions en interne et garde pour lui les pistes en externe. Le coach fait une synthèse de la situation et dégage trois pistes intéressantes. Il y a un retour « à chaud » de la part du médecin du travail et de la Direction ».

  • Deuxième étape : essai court pour une validation de ce projet

Un retour au collaborateur est fait par la Direction avec une proposition concrète si l’une des solutions est viable. « Pour Isabelle Verbost, sa proposition d’évolution sur le poste d’aide laboratoire a été validée. Il s’agit d’un poste que l’entreprise avait créé et pensait titulariser à terme. Un essai, de quelques semaines, a donc été mis en place en bénéficiant du dispositif d’essai encadré, grâce à l’intervention de l’ASMIS ». Au terme de cet essai court, le collaborateur peut confirmer son intérêt pour le poste. Mathieu Vannier précise : « Le manager valide le savoir être du collaborateur, notamment au sein des nouveaux collègues, et la capacité à acquérir le savoir-faire. Cela permet de se projeter. Un point est fait avec le médecin du travail. Si tout le monde est d’accord, la troisième étape est envisagée ».

  • Troisième étape : essai long vers le reclassement

Un essai de plusieurs mois est engagé. Pour Mathieu Vannier, cette étape est la dernière : « Si le collaborateur, le médecin du travail et la Direction sont d’accord, le salarié s’engage donc dans un essai plus long, de plusieurs mois, avec une perspective de reclassement. Nous en sommes là avec Isabelle Verbost, depuis mars 2021. Au terme de cet essai permettant l’acquisition du savoir-faire, un nouveau bilan sera fait avec le manager, le médecin du travail, la Direction. Si tous les participants sont d’accord, le reclassement sera prononcé et un avenant au contrat de travail sera établi ».

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