Témoignages

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AVINTIV (Ex Polymer Group)

Risque chimique: le toxicologue industriel mène l'enquête

Sur le site de Bailleul, POLYMER GROUP emploie 255 salariés. Leur savoirfaire : la fabrication de « non-tissé ». Nous avons tous utilisé du non-tissé : filtre à air, filtre d’aspirateur, couche-culotte, coques de bateau, bandes de pansement, charlottes de bloc opératoires, etc. C’est dire si les usages du nontissé sont multiples… Les matières premières en sont le coton et différentes fibres. Deux procédés coexistent sur le site de Bailleul : liage chimique ou liage thermique. Différents additifs entrent dans la fabrication, en fonction des exigences du client. Quand les salariés ont présenté des irritations cutanées, POLYMER Group s’est tourné vers son service de santé au travail : PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord.

EHS manager, Denis Griffon resitue le contexte : « En 2013, dans différents services de découpe et de production, des irritations cutanées sont apparues chez plusieurs salariés. Après quelques recherches menées avec notre infirmière, nous avons décidé de faire appel à notre médecin du travail. Et le docteur Marie-Cécile Dubus est venue sur place avec Samuel Chochoy, toxicologue industriel. Nous étions alors armés pour faire une véritable enquête… ». En effet, il a fallu passer en revue tous les produits chimiques utilisés, étudier les processus, mener des campagnes de dosages atmosphériques. « Le dialogue avec les salariés et le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des conditions de travail a été constant ».

Connaître et communiquer

Le docteur Marie-Cécile Dubus suit l’entreprise depuis un an et demi, quand elle constate lors des visites médicales que plusieurs salariés présentent des signes d’irritations cutanées. « Les salariés s’inquiétaient. Un travail avait déjà été fait à partir des Fiches de Données de Sécurité. Il fallait aller plus loin. En toute transparence. Et retransmettre toute information aux salariés ». Cette ligne de conduite a été maintenue tout au long des investigations.

Doser et expliquer

Toxicologie industriel à PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord, Samuel Chochoy résume l’enquête qui a duré une année : « Tout d’abord, nous avons fait un état des lieux des connaissances en étudiant les procédés de fabrication et les différentes conditions d’exposition des salariés. Puis nous avons engagé des campagnes de prélèvements atmosphériques, notamment 20 prélèvements d’air respiré, sur deux équipes alternantes, dans les conditions réelles et habituelles de travail. Deux campagnes de prélèvement d’ambiance et de dosimétrie individuelle ont eu lieu. Elles ont permis d’objectiver et de caractériser le niveau d’empoussièrement total. De situer les résultats par rapport à des objectifs à atteindre pour l’entreprise. De comprendre les phases exposantes par rapport aux situations de travail ». Les résultats ont toujours été communiqués et expliqués aux salariés.

Comprendre et agir

Denis Griffon poursuit : « Nous avons pu nous situer par rapport aux valeurs limites publiées à travers le monde. Nous avons revu nos cahiers des charges en termes d’achats ; nous avons amélioré nos dispositifs de captation vis-à-vis de l’émission de poudre ; nous avons renforcé les règles d’hygiène, à savoir l’utilisation stricte des locaux de repos pour boire et manger. Car les poudres absorbantes dessèchent la peau des salariés si elles s’y déposent ! ». Marie-Cécile Dubus conclut : « La confiance, les échanges et la transparence avec l’entreprise et ses salariés sont essentiels dans ce type d’accompagnement ainsi que le travail d’équipe avec le toxicologue». Les irritations cutanées ont disparu.

Retrouvez bientôt le prolongement web de cet article

Les échanges et la transparence sont essentiels “
Dr Marie-Cécile Dubus, Médecin du travail, PÔLE SANTÉ TRAVAIL Métropole Nord

POLYMER GROUP
(NOUVEAU NOM : AVINTIV)
Industrie Non tissé
255 salariés
Denis GRIFFON,Responsable HSE
BAILLEUL

PÔLE SANTÉ TRAVAIL METROPOLE NORD

(Publié dans le N°31 : Santé et Qualité de Vie au Travail: un + pour votre compétitivité) le 09/07/2015

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Qualité de l’air au travail: GARE AUX POUSSIERES !

La pollution de l’air, notamment en milieu urbain, réduit l’espérance de vie. Selon l’étude APHEKOM (Centre européen de l’OMS), les habitants des grandes villes françaises peuvent perdre 3,6 à 7,5 mois d’espérance de vie du fait de la pollution atmosphérique. On parle également de qualité de l’air intérieur pour l’atmosphère de nos habitations. Un des premiers polluants reste la poussière. En milieu de travail, l’empoussièrement reste un indicateur fondamental de la qualité de l’air. Quant aux poussières de bois, par exemple, elles sont reconnues CMR, comme Cancérigène-Mutagène-Reprotoxique. La question est donc loin d’être anodine. A savoir : on respire en moyenne 10 m3 d’air sur 8 heures. Ce volume d’air respiré est très variable selon les efforts fournis. Petit tour du sujet en quelques questions…

Qu’est-ce qu’une poussière ?

Les particules solides en suspension dans l’air constituent des poussières. Cette définition est donc très large… Les poussières varient selon la taille des particules, leur nature (organique, minérale, végétale, animale) et leur composition chimique. Les origines des poussières sont extrêmement variées…

Que devient une poussière ?

Tout dépend de sa dimension, de sa forme, de son poids, de sa surface… Elle peut rester en suspension dans l’air. Elle peut se déposer. Si elle se dépose, elle peut le faire sur le sol, les meubles, les machines…nos cheveux et notre peau ! Si elle est en suspension dans l’air, elle peut entrer dans notre organisme quand nous respirons. Sauf si on porte un masque… Supposons que nous ne portions pas de masque sur le visage : en fonction de son diamètre, la poussière ira plus ou moins loin. Elle peut s’arrêter dans nos fosses nasales ou notre gorge. Plus elle est fine, plus elle ira loin… Si elle est très fine, elle peut aller ainsi jusqu’à nos alvéoles pulmonaires. Et s’y installer… Les poussières, amalgamées par notre salive, peuvent même entrer dans notre tube digestif.

Leur taille est donc importante ?

Oui. Leur diamètre varie de 1 à 150 microns (soit 0,001 mm à 0,15 mm). Elle conditionne leur devenir en cas d’inhalation :
•De 10 à 100 microns de diamètre (soit de 0,010 à 0,1 mm de diamètre) : elles restent au niveau des fosses nasales
•De 5 à 10 microns de diamètre (soit de 0,005 à 0,10 mm de diamètre) : elles entrent dans la trachée, les bronches et les bronchioles, donc l’arbre respiratoire
•De diamètre inférieur à 0,5 microns (soit 0,005 mm), elles entrent dans les alvéoles, c’est à dire le tissu pulmonaire.
En outre, plus elles sont fines, plus elles restent en suspension dans l’air. Plus elles sont lourdes, plus elles retombent sur les surfaces. Pour s’en convaincre, il suffit de passer le doigt sur les meubles d’une pièce dont le ménage n’est jamais fait… et de regarder à travers le rayon de lumière de la fenêtre. Sur le doigt, on récolte les poussières retombées, dans l’atmosphère on regarde les poussières en suspension.

Quels sont leurs effets sur la santé ?

Les effets sur la santé sont très variables. En fonction de leurs caractéristiques et de leurs compositions chimiques. Certaines poussières vont être inertes et occasionner une gêne. D’autres poussières vont être irritantes ou allergisantes. D’autres vont avoir des effets toxiques spécifiques : bois, cuir, fer, aluminium ,mercure, béryllium, plomb, nickel, silice, amiante, ciments, foin, fibres minérales, fibres végétales, farines, etc. A ce propos, il peut s’agir de maladies graves : asbestose, silicose, sidérose, cancers des poussières de bois ou de cuir, atteintes neurologiques liées au mercure ou au béryllium, etc. La liste est trop longue pour être présentée de manière exhaustive dans cet article. Tout va dépendre du devenir dans l’organisme : dépôt cutané ou oculaire, inhalation et ingestion. Tout va dépendre aussi des moyens de prévention utilisés : à la source ou individuels.

Comment évaluer le niveau d’empoussièrement ?

Compte tenu de ce qui est expliqué ci-dessus, évaluer le niveau d’empoussièrement donne une première indication. On peut doser, dans l’air inspiré :
•Le taux de poussières totales (valeur limite d’exposition professionnelle : 10 mg/m 3 d’air pour une période de 8 heures)
•Le taux de poussières alvéolaires (valeur limite d’exposition professionnelle : 5 mg/m3 d’air pour une période de 8 heures).
Cependant, cette indication s’avère vite insuffisante car elle ne renseigne pas sur la nature des poussières. Or, le risque toxique à court, moyen ou long terne, se situe dans la composition chimique de la poussière… Voici en 5, points, une démarche permettant de faire le point :
•Connaître tous les produits entrant dans l’entreprise ; pour chaque substance ou mélange de substances : avoir la Fiche de Données de Sécurité qui doit être délivrée par le producteur et/ou le fournisseur. Les étudier.
•Evaluer le risque d’exposition aux poussières tout au long du processus de travail : réception, transformation, conditionnement des produits et déchets, expédition. Cette évaluation doit être colligée dans le Document Unique d’Evaluation des Risques.
•Le cas échéant, faire réaliser des prélèvements d’atmosphère à des fins de dosage des substances concernées dans l’air respiré par les salariés. ATTENTION : pour certaines substances, les prélèvements et les dosages doivent obligatoirement être effectués par un laboratoire accrédité par la COFRAC.
•Les résultats doivent être interprétés au regard des normes et/ou valeurs limites légales ou règlementaires, ceci permet de se situer et de d’identifier les points d’amélioration à engager dans le processus de travail, en terme de prévention collective (à la source) ou individuelle.
•Ces résultats permettent d’ouvrir un dialogue constructif avec les salariés, tant pour les sensibiliser que pour échanger sur les dispositions nécessaires, le cas échéant.

IMPORTANT : Cette évaluation du risque peut vous paraître complexe. Elle est obligatoire, avec une règlementation stricte qui, elle-même, peut vous paraître très complexe. Dans le cadre de votre cotisation annuelle, votre Service de Santé au Travail est là pour vous conseiller et vous orienter. N’hésitez-donc pas à consulter votre médecin du travail ! Ses collaborateurs et lui-même vous éclaireront et vous aideront pour l’information et le dialogue avec les salariés.

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