Risque incendie

Technicien supérieur QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement) au sein du Service de Santé au Travail de Valenciennes (ASTAV), Bruno Figruski est habilité IPRP : Intervenant en Prévention des Risques Professionnels. A ce titre, il apporte conseils, aide et expertise aux médecins du travail, aux entreprises et à leurs salariés, pour les entreprises adhérentes à l’ASTAV. La nature des interventions est très variée : accompagner les entreprises dans la mise en place du Document Unique et l’évaluation des risques, fournir un appui technique à l’élaboration du diagnostic sur les facteurs de pénibilité. Technicien métrologie, il effectue des mesures d’ambiances sonores et de lumière et anime une formation de sensibilisation sur les risques routiers professionnels sous forme d’atelier théorique et pratique. Il accompagne les entreprises sur la sécurité des personnes et des biens, réalise des consignes de sécurité et conseille sur les règles d’hygiène et le recyclage des déchets.

Quelles sont vos missions par rapport au risque incendie ?

Bruno Figurski : Par rapport au risque incendie, ma mission est de former et sensibiliser les employeurs et les salariés dans l’entreprise et d’aider à réaliser les consignes incendie, le plan d’évacuation avec la mise en place des serre-files.

Vous êtes ingénieur QHSE dans un Service Interentreprises de Santé au Travail, pourquoi est-ce important de mettre en place des actions de prévention contre le risque incendie ?

Bruno Figurski : De nombreux incendies se déclarent chaque année dans les entreprises. Aucun secteur d’activité n’est épargné. Les conséquences de l’incendie dépendront, pour une grande part, des mesures d’évaluation, de prévention et de formation adoptées en amont pour protéger les salariés et limiter les dégâts matériels. Il est nécessaire, pour les entreprises d’évaluer ce risque et de le prévenir mais aussi de s’y préparer s’il venait à survenir. Les incendies n’arrivent pas qu’aux autres et les conséquences socio-économiques se révèlent dramatiques pour une entreprise. Le plus souvent, les dégâts sont tels que les entreprises se voient contraintes de cesser toute activité.

Pour vous, le risque incendie doit être abordé dans le Document Unique d’Évaluation des Risques ?

Bruno Figurski : Oui, le risque incendie doit, en effet, être pris en compte dans le Document Unique d’Évaluation des Risques, obligatoire depuis 2001, pour toute entreprise quelles que soient sa taille et son activité. On oublie souvent que le risque incendie fait partie intégrante de la politique de prévention que chaque employeur doit mettre en œuvre. Ce risque s’inscrit dans une démarche globale de l’évaluation et de prévention et doit donc figurer dans le Document Unique.

Que dit le Code du travail pour le risque incendie ?

Bruno Figurski : Le Code du travail impose aux employeurs de mettre en œuvre une série de mesures visant à permettre une évacuation rapide des locaux, à faciliter l’intervention des secours extérieurs et à limiter la propagation de l’incendie. Ainsi, une organisation interne des secours en cas de sinistre doit être définie. Le chef d’entreprise désigne et forme les salariés pour : ALERTERLUTTERÉVACUER. Ainsi, les salariés doivent être capables de déclencher immédiatement l’alarme et d’alerter les secours, intervenir pour attaquer les flammes en utilisant l’extincteur le plus proche sans prendre de risque et en respectant les distances de sécurité, canaliser et contrôler les évacuations avec serre-file et guide. Rappelons que les entreprises doivent également informer leurs salariés sur les risques qu’ils encourent dans l’entreprise et plus particulièrement sur le Document Unique et les mesures de prévention qui y figurent. Le Document Unique doit comporter des mesures s’il s’avère que le risque incendie est important.

Par exemple, avec le risque électrique…

Bruno Figurski : Oui. Il existe également un danger lié à l’électricité. Un contrôle régulier des installations doit être effectué par un organisme agréé afin de prévenir l’accident d’origine électrique, qui est l’une des principales causes d’incendie. Il faut tenir également un registre d’entretien pour le suivi des travaux effectués. En règle générale, il faut être attentif à l’emploi de prises multiples et adapter les caractéristiques des prises multiples aux puissances électriques utilisées. En effet, la surcharge de puissance due à l’emploi abusif de prises multiples est une cause de court-circuit pouvant entraîner un incendie.

Pouvez-vous nous faire un bref rappel des obligations dans l’entreprise ?

Bruno Figurski : En règle générale, l’employeur prend les mesures nécessaires pour que tout commencement d’incendie puisse être rapidement et efficacement combattu dans l’intérêt du sauvetage des salariés. Les extincteurs doivent être accessibles, signalés (plan et pictogramme) et le personnel doit être formé à leurs utilisations. Depuis le 23 janvier 2010, tous les employeurs assujettis au Code du travail, y compris les entreprises de moins de cinquante personnes et qui ne mettent pas en œuvre des matières inflammables, doivent établir des instructions pour faciliter l’évacuation rapide des personnes présentes dans les locaux professionnels et en informer leurs salariés. Il est aussi désormais obligatoire, en vertu du décret du 21 janvier 2010, que chaque salarié doit avoir pris clairement connaissance des consignes incendie afin de connaître les modalités précises d’évacuation en cas d’incendie. Concrètement, les salariés doivent impérativement être informés : sur les consignes de sécurité incendie elles-mêmes ; de l’identité des personnes chargées de la mise en œuvre des consignes en cas d’incendie. Un registre incendie doit être tenu dans l’entreprise. Il doit être mis à jour régulièrement, et tenu à la disposition de l’inspection du travail. Il comporte toutes les informations relatives à l’organisation à mettre en œuvre en cas d’incendie ainsi que les dates des exercices et essais périodiques, tels que l’évacuation et le contrôle des extincteurs.

Que retenir au sujet des extincteurs ?

Bruno Figurski : La présence d’extincteurs constitue des matériels de première intervention. Sauf raisons particulières, les extincteurs sont répartis de manière uniforme à l’intérieur de chaque zone. Ils doivent être implantés de façon à ce que la dis¬tance à parcourir à partir de n’importe quel point interne d’un bâtiment, pour atteindre un appareil, n’excède pas 15 mètres et pour un danger localisé une distance de 5 mètres maximum. Les extincteurs doivent être placés de manière visible dans des endroits bien dégagés de préférence à l’entrée des locaux et leur emplacement doit être clairement signalé et accessible facilement. Afin de maintenir en bon état de fonctionnement les extincteurs, la réglementation prévoit la « maintenance corrective ». Périodiquement, tous les 3, 5, ou 10 ans suivant le type de l’appareil, il doit être effectué un remplacement de son « agent actif » du fait de sa composition chimique qui se dégrade au fil du temps. Cela afin de conserver un niveau d’efficacité de l’appareil, ne serait-ce que minimal, en cas de besoin de son utilisation sur un début d’incendie. La vérification périodique des extincteurs doit avoir lieu au moins une fois par an, et être réalisée par un installateur certifié ou un organisme vérificateur certifié.

Existe-t-il une obligation en matière d’alarme ?

Bruno Figurski : L’article R 4227-34 du Code du travail impose aux entre¬prises de se doter d’un système d’alarme sonore, peu importe le nombre de salariés, et surtout où sont manipulées des matières inflammables. L’article R 4227-36 précise que le système d’alarme sonore doit être audible en tout point du bâtiment durant toute la durée nécessaire à l’évacuation (autonomie minimale évaluée à 5 minutes). Pour les situations où l’alarme sonore ne suffirait pas à prévenir tout le monde (handicap auditif, port d’un casque anti-bruit…), une alarme visuelle doit être installée.

Que dire des feux liés à des risques spécifiques pour certaine activité ?

Bruno Figurski : Un extincteur doit être maintenu en bon état de fonctionnement afin qu’en cas d’utilisation son efficacité soit conforme. L’entretien des extincteurs entre dans le cadre d’une maintenance réglementée, ce que l’on appelle plus précisément « la visite de contrôle périodique ». Dans le cas de certains sites à risques plus élevés comme certains entrepôt dans lesquels sont entreposées ou manipulées des substances ou préparations classées comburantes ou extrêmement inflammables (aérosols, peintures, gaz propulseurs, colle, mastics, huiles…) qui constituent un combustible potentiel. Cette périodicité de contrôle peut être ramenée à 6 mois, voire même 3 mois pour s’assurer du bon état apparent des extincteurs que chacun doit être bien à sa place, signalé correctement, plombé avec dispositif de verrouillage intact et étiqueté.

Quel conseil donnez-vous à un chef d’entreprise de TPE/ PME ?

Bruno Figurski : Le risque incendie est une évidence bien sûr, mais pas toujours traduite en actes. Dans de nombreuses entreprises il y a davantage d’extincteurs que de personnes capables de les utiliser efficacement. Comme toujours, en prévention des risques, c’est la sensibilisation et la formation des hommes qui fait la différence. Lors d’un départ de feu, la rapidité de réaction des personnes présentes est cruciale. C’est pourquoi, il est nécessaire de sensibiliser les personnels et de leur offrir une formation minimale de façon à ce qu’ils aient les bons réflexes en cas de départ de feu. Il est essentiel que chacun dans l’entreprise sache exactement ce qu’il doit faire, pour enrayer un début d’incendie.

« Le Code du travail impose aux employeurs de mettre en œuvre une série de mesures visant à permettre une évacuation rapide des locaux »

« Il est essentiel que chacun dans l’entreprise sache exactement ce qu’il doit faire, pour enrayer un début d’incendie »

(Publié dans le N°37 : Incendie, évitons-le !) le 09/01/2017

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LE DOSSIER COMPLET

Du départ de feu… à l’incendie

Dans un incendie, tout peut aller très vite. En fait, tout se joue entre le départ de feu, toujours localisé, et l’embrasement des matériaux ou produits environnants, souvent rapide. Le choix des matériaux et des produits d’une part, de l’organisation et des processus de travail d’autre part, vont avoir un rôle essentiel sur le risque d’un départ de feu. Tout se joue entre trois facteurs concomitants : un matériau combustible ou un produit inflammable, de l’air (c’est-à-dire de l’oxygène) et un facteur déclenchant (ex. : chaleur, flamme ou étincelle).

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De quelques principes réglementaires relatifs au sauvetage des travailleurs

Le Code du travail stipule les mesures à prendre pour permettre le sauvetage des travailleurs, nonobstant les obligations générales de prévention et les mesures spécifiques relatives aux installations électriques, aux risques d’incendie ou d’explosion liés aux processus, produits ou matériaux, ventilation et chauffage des locaux, emploi ou stockage de produits explosifs ou inflammables ; d’autres textes, ne relevant pas du Code du travail, sont applicables le cas échéant…

Gestion du risque incendie: à savoir

Fumées = 1ère cause de décès lors d’un incendie
Bout de cigarette incandescente = 700 ° C
Température des flammes = 600 à 700°, voire plus…
Température d’un incendie = 600 à 1200° en quelques minutes etc…

Les gestes qui sauvent…

En présence d’une personne atteinte de brûlures / évacuer, s’isoler, se manifester aux fenêtres / appeler et accueillir les secours

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Gestion du risque d’incendie: CINQ POINTS DE VIGILANCE

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