Plombiers-chauffagistes
Parmi différents axes d’amélioration, le Plan Régional Santé Travail de Picardie 2010-2014 identife la prévention du risque Cancérogène Mutagène toxique pour la reproduction (CMR). Prévenir et maîtriser le risque aujourd’hui, c’est éviter à terme des cancers pour soi. Et, pour ses enfants, des malformations, voire une infertilité… La question est donc redoutablement importante ! Les produits et substances identifés CMR relèvent d’une législation rigoureuse au sein du Code du travail, au titre des Agents Chimiques Dangereux (ACD). Quand cela est possible, le remplacement par un produit ou une substance moins nocive est une obligation en application du principe de substitution. Au sein des TPE, le risque est souvent méconnu. L’ASMIS (Santé au Travail de la Somme) a entrepris une action de prévention et de sensibilisation et de ce risque chez les plombiers chauffagistes.
Depuis plusieurs années, l’ASMIS travaille en mode « Projet » : défnition d’objectifs et de la méthodologie, affectation de ressources et mise en oeuvre, suivi et évaluation. Le docteur Pierre Lotthé, médecin du travail à l’ASMIS, est pilote du projet CMR : «_ L’idée de départ est de développer une action de prévention concrète en associant les TPE et PME. Le BTP est une branche d’activité, au sein de laquelle 90 % des entreprises ont moins de 20 salariés. Au regard de notre expérience, le métier de plombiers chauffagistes est particulièrement concerné. Le groupe Projet a fait un test en 2012, avant de généraliser la démarche de 2013 à 2014. C’est un trav ail d’équipe entre médec in, IPRP 1, Infrmière, AST2. L’arrivée d’un toxicologue, au sein de l’ASMIS en a renforcé ce caractère pluridisciplinaire_ ». Mathieu Martin, toxicologue, confrme : «_ En effet, les plombiers chauffagistes sont exposés aux fumées de soudages, aux poussières de métaux tels que le cuivre ou l’argent, à l’amiante si le chantier concerne un bâtiment antérieur à 1997, et parfois même au plomb…_ ». En pratique, il faut connaître la branche d’activité, le métier et l’entreprise.
Du code APE aux premiers contacts …
L’exploitation des codes APE fournit la liste des adhérents déclarés sous une activité principale de plombier, chauffagiste. « Nous avons adressé aux 147 entreprises ainsi identifées un courrier et des documents d’informations sur le risque et les obligations règlementaires. Le but est d’abord d’informer et ensuite de faciliter les échanges. Quarante sept entreprises ont répondu. Soit 32 % ! » , nous explique Pierre Lotthé. Dans ce type de démarche, le seuil de succès est classiquement de 10 %. L’ASMIS est largement au dessus !
Gains de temps et d’effcacité pour l’entreprise !
Pour Mathieu Martin : « Les TPE ne connaissent pas bien le risque, sa gravité et la règlementation. Si on rentre trop vite dans le détail, elles sont perdues. D’où l’importance de les accompagner. Et ne pas y aller en force ! Ce n’est pas simple. Il faut bien leur expliquer. Et les entreprises deviennent demandeuses ». Pierre Lotthé confrme : «_ C’est pour cela que le groupe Projet a élaboré des outils simples de sensibilisation et d’information, d’une part pour l’employeur et, d’autre part, pour le salarié. Quand l’entreprise devient demandeuse d’informations complémentaires et de conseils, nous pouvons alors engager un accompagnement sur mesure_ ».
L’entreprise peut identifer et analyser son risque CMR
L’entreprise dispose donc de deux fches d’aide au repérage et à l’identifcation du risque CMR. Elle peut réaliser son inventaire des produits chimiques et procédés CMR. Sur les 47 entreprises ayant répondu à l’ASMIS : 9 ont déclaré l’utilisation de produits étiquetés CMR, 8 l’utilisation d’ultra violets et d’infra rouges, 39 le travail des métaux, 16 l’exposition aux poussières et aux fbres, 15 l’exposition aux fumées. «_ Attention ! La question est complexe_ » note Pierre Lotthé. «Le risque CMR peut apparaître au cours du procédé de travail. Par exemple, le soudage peut générer des fumées à risque CMR ». D’où l’importance d’informer chaque entreprise. Mathieu Martin explique : « Pour les 9 entreprises qui nous ont déclaré l’utilisation d’un produit CMR, nous nous sommes rendus sur place afin d’apporter les conseils les plus adaptés possibles. C’est important d’échanger sur place. Pour les autres entreprises, l’ASMIS a transmis des documents de préventions ». La question est trop importante.
26 % des entreprises mettent en place des actions de prévention…
Ces entreprises réalisent un plan d’action, en étant accompagnées par le médecin du travail et/ou un Intervenant en Prévention des Risques Professionnels (IPRP). De la mise à jour des Fiches de Données de Sécurité (FDS) jusqu’à la mise en place des protections collectives et/ou individuelles, tout est basé sur un dialogue mutuel et une information experte et accessible, tant auprès des salariés que de l’employeur.
Evaluer, suivre, améliorer… Généraliser ?
Une enquête de satisfaction permettant une évaluation des actions menées par l’ASMIS a été réalisée auprès des entreprises concernées. Le renforcement du dialogue entre l’entreprise adhérente et l’ASMIS est au coeur de la réussite de cette sensibilisation au risque CMR. Dans le cadre de son Projet de service 2014-2018, l’ASMIS pourra étendre cette démarche à d’autres secteurs d’activité, après analyse des besoins. « C’est une approche concertée avec les entreprises », remarque Mathieu Martin. «Et c’est un travail au cas par cas… ». Et le docteur Pierre Lotthé de conclure : « Certes, toutes les entreprises ne participent pas, mais toutes sont sensibilisées. Nous avons informé chaque entreprise… ». A chacun ses responsabilités, aurait-on envie d’ajouter !
Composition du groupe Projet
Philippe CAUDEVILLE : médecin du travail
Agnès CHATELAIN : médecin du travail
Annick HANAU : médecin du travail
Pierre LOTTHÉ : médecin du travail
Francis VAN DER BIEST : médecin du travail
Mathieu MARTIN : toxicologue
Céline DOUCHET : assistante pôle toxicologie
Jérôme CHARLIER : conseiller en prévention
Sokva PRAK : chargée de communication
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site www.asmis.net
(Publié dans le N°27 : Les solvants sont partout...) le 06/08/2014