Covid-19: LE PSYCHO-TRAUMATISME

Infirmière en santé au travail à l’AISMT Cambrai-Caudry depuis 2017, Daphnée Patte suit un cursus de formation pour la prise en charge du psycho-traumatisme en milieu de travail, à l’institut Symbiofi de Loos, spécialisé en psycho-santé. Rien de plus parlant que des exemples précis !

Pouvez-vous définir votre rôle ?

« Je reçois des salariés sur orientation de leur médecin du travail. La demande peut venir de l’entreprise, mais le médecin du travail établit toujours le diagnostic de souffrance psychologique ou mentale, avant que je n’accompagne un (une) salarié(e). La situation à l’origine de ces souffrances psychologiques peut être personnelle ou professionnelle, toutefois mon accompagnement se limitera toujours au cadre du travail. Il apparait, en effet, essentiel de s’interroger avant chaque prise en charge sur l’impact de cette souffrance dans le cadre de la vie professionnelle de la victime ; si cela est nécessaire, nous orientons le(la) salarié(e) vers un thérapeute. Je me définis avant tout comme une praticienne de l’écoute attentive, j’aide à la verbalisation des émotions, à mettre des mots sur les maux ».

Pouvez-vous nous donner des exemples d’intervention ?

« Le premier exemple est un grave accident du travail au sein d’une PME. Nous avons organisé avec mon collègue infirmier du travail un débriefing, sous 48 heures, où la parole de chacun a pu s’exprimer. Dans ce type de situation, l’objectif est de permettre aux salariés de raconter à leur manière l’épreuve traversée afin de prévenir et/ou d’identifier les risques de syndrome de stress post-traumatique.

Mon deuxième exemple est celui d’une auxiliaire de vie qui a fait l’objet d’une agression sexuelle au domicile d’un bénéficiaire. J’ai aussi l’exemple d’une fleuriste qui a été agressée dans son magasin et s’est fait voler sa caisse…  Je reçois alors en entretiens. Il n’existe pas un nombre d’entretiens type. Tout va dépendre de la charge émotionnelle de la victime, de son vécu, de ses capacités d’adaptation…

Un dernier exemple est lié à la Covid-19. C’est une petite entreprise au sein de laquelle un salarié, très reconnu et apprécié au sein du collectif de travail, est décédé de la Covid-19. Bien sûr, une vague émotionnelle importante est survenue au sein de l’entreprise. Je me suis mise à disposition des uns et des autres, pour une écoute personnalisée et confidentielle, qui a permis à chacun de verbaliser les émotions et de recevoir un soutien adapté pour traverser et surmonter ce douloureux événement ».

(Publié dans le N°55 : La reprise, en santé !) le 01/07/2021

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