A PROPOS d’atmosphère… 5 questions au Pr Daniel FURON

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Pr Daniel Furon, Président du Comité Nord-Pas-de-Calais de l'Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique

Le Professeur Daniel Furon a démarré sa carrière de médecin hospitalier au Centre Hospitalier et Universitaire de Lille par la pneumologie et la réanimation respiratoire. Puis, il s’est orienté vers la Médecine du Travail, devenue aujourd’hui la Santé au Travail. Professeur des Universités, titulaire de la chaire de Médecine du Travail de la Faculté de Médecine de Lille pendant plus de trente ans, il est aujourd’hui le Président du Comité Nord-Pas-de-Calais de l’Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (A.P.P.A. Nord-Pas-de- Calais).

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5 questions au Pr Daniel FURON

L’air de rien, les poumons vous ont toujours intéressé. Pourquoi ?

J’ai fait toute ma carrière professionnelle à l’hôpital Calmette, à Lille, avec des maîtres prestigieux qui m’ont fortement marqué et orienté. Et puis, le poumon, c’est la vie. La première chose que fait un bébé en naissant… c’est respirer !

La région a payé un lourd tribut sur la qualité de l’air… pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

A partir du XIXe siècle, la région s’est fortement industrialisée à partir du charbon. Pour diminuer la pollution à l’intérieur des ateliers, la politique était de tout rejeter à l’extérieur, entraînant une dégradation énorme de l’atmosphère urbaine : dioxyde de soufre, « noirêts », composés organiques volatils, etc… La liste des polluants est longue.

Sur les lieux de travail, quels ont été les progrès, ces trente dernières années ?

L’atmosphère des lieux de travail s’est largement améliorée depuis plusieurs dizaines d’années avec, malheureusement, les effets de la désindustrialisation. Nous payons encore actuellement le prix des pollutions passées (pathologies d’origine minière, amiante…). Actuellement, la mauvaise qualité de l’air intérieur, aggravée par le confinement pour économie d’énergie, me semble importante à étudier et vient se combiner avec les pollutions liées au travail, sans oublier les rejets liés aux transports.

Pour la qualité de l’air sur les lieux de travail, quel conseil majeur donneriez-vous, aujourd’hui, à un chef d’entreprise et à ses salariés ?

Pour la qualité de l’air des locaux de travail, le plus important, à mes yeux, est l’information sur les risques des employeurs et des salariés, ainsi que l’évaluation des risques avec l’aide de la Santé au Travail.

Au sujet des pollutions atmosphériques en général, êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?

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Je serais moyennement optimiste pour les pays de l’Union Européenne, malgré les freins de certains lobbies. Et pessimiste par rapport à d’autres pays (USA, pays émergents), le tout étant aggravé par la crise financière actuelle.

A LA BASE, 78 % D’AZOTE…

L’air c’est avant tout 78 % d’azote, 21 % d’oxygène et 1 % d’autres gaz… A chaque mouvement respiratoire, notre organisme va y chercher l’oxygène et y rejette du gaz carbonique. Les plantes s’occupent de reprendre le gaz carbonique pour nous rendre de l’oxygène… Comme quoi, outre les courants d’air, l’air est toujours en mouvement ! Et inutile de dire que l’activité humaine modifie la composition de l’air. A l’époque des changements climatiques, plus personne ne le discute. C’est dire que quand on se penche sur la qualité de l’air ambiant on doit penser nature de l’activité humaine, caractéristiques du lieu et interactions de tous ordres… Sans omettre les pics d’activité et les fluctuations diverses et variées.

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Petit tour de santé

Difficile de résumer les impacts sur la santé de l’air respiré. Sauf que nos grands-mères ont toujours dit : « le grand air, ça fait du bien pour les petits ». Et que la silicose est inscrite à jamais dans l’histoire de notre région… Entre ces deux exemples, tout existe : de la gêne respiratoire à l’irritation bronchique, de l’asthme aux cancers broncho-pulmonaires, en passant par l’aggravation de maladies existantes et sans oublier la fragilité des nourrissons et des personnes âgées… La respiration, c’est le mode d’entrée dans l’organisme, de différents contaminants, de nature chimique ou biologique. Attention : les effets sont souvent retardés…

Petit tour des dangers

Tout peut se voir dans l’air ambiant. Et, ce n’est pas ce qui est visible et sent mauvais qui est forcément dangereux. Le monoxyde de carbone, qui fait environ 300 morts par an en France à la maison, est invisible, inodore et sans saveur… L’air ambiant peut contenir des fibres et des particules, des vapeurs et des gaz, des moisissures et des microbes. Parmi ces derniers, deux défraient régulièrement la chronique : le virus de la grippe et la bactérie de la légionellose. Sur le plan chimique, des millions de substances peuvent être retrouvées.

Petit tour des dosages

Pour mesurer la qualité de l’air en milieu professionnel. Il faut d’abord connaître et suivre l’activité des salariés (notamment les pics d’efforts où la fréquence respiratoire s’élève), analyser les processus de travail et les caractéristiques du milieu pour choisir le type de dosage, le moment et la durée des prélèvements. Des Valeurs Limites d’Exposition Professionnelles (V.L.E.P.) sont éditées et révisées par l’Etat d’une part et l’Assurance Maladie, d’autre part. Votre Service de Santé au Travail est là pour vous renseigner et vous orienter. Le cas échéant, on peut également faire des dosages biologiques pour voir l’imprégnation des salariés.

Petit tour des locaux

Le Code du Travail distingue différents types de locaux : ceux où il y a seulement présence humaine et ceux au sein desquels il y a travail physique et/ou émission de pollution spécifique. Pour les premiers, les conditions de ventilation doivent assurer la fourniture de 25m3 d’air neuf par heure. Pour les seconds, les débits varient de 30 à 60m3 par heure. En cas de pollution spécifique, il y a obligation d’une ventilation efficace, avec respect de la maintenance et de l’entretien, dans le but de respecter les Valeurs Limites d’Exposition Professionnelles (V.L.E.P.). Sans oublier les contrôles et l’information des salariés. Ici aussi, n’hésitons pas à faire le point avec le Service de Santé au Travail.

A NOTER :

Autour de l’entreprise Un Observatoire National de la Qualité de l’Air Intérieur a été mis en place pour veiller à la qualité de l’air des logements et des lieux de vie (crèches et écoles par exemple). De même, de nombreux réseaux locaux de surveillance de la qualité de l’air (en ville ou à la campagne) se sont multipliés sur le territoire. Ils relèvent d’associations agréées et fédérées au sein d’ATMO.

(Publié dans le N°5 : De l'air, de l'air, oui... mais du bon !) le 05/01/2009

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