Troubles Musculo-Squelettiques : Une inflation qui dépasse les bornes

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L’hygroma du genou du carreleur, la crampe de l’écrivain sont bien connus du grand public. Les troubles musculo-squelettiques constituent en effet des phénomènes anciens. Mais le nombre de personnes atteintes a un taux de croissance spectaculaire dans les pays développés. Cette inflation est directement liée au développement des tâches répétitives, qui entraînent des efforts répétés dans des gestes précis, des postures figées et des cadences imposées. Cette inflation existait avant que les TMS ne soient reconnus en maladies professionnelles indemnisables. L’indemnisation n’a pas créé la cause. Et combattre les causes permettra de réduire le nombre d’indemnisations.

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5 tableaux

Pour le Régime Général de l’Assurance Maladie, les TMS reconnus en maladies professionnelles indemnisables se répartissent en 5 tableaux, qui correspondent à 5 familles de lésions :

• affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail, au niveau de l’épaule, du coude, du poignet, de la main et des doigts, de la jambe, du genou, de la cheville (tableau 57)
•affections provoquées par les vibrations et les chocs transmis par certaines machines-outils, outils et objets et par les chocs itératifs du talon de la main sur des éléments fixes (tableau 69)
• lésions chroniques du ménisque (tableau 79)
•affections chroniques du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier (tableau 97)
•affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention de charges lourdes (tableau 98).
•Pour avoir une indemnisation il faut répondre à des critères limitatifs de délais et de travaux concernés. Pour le tableau 57 (gestes et postures), le malade peut obtenir une reconnaissance sur expertise médicale, s’il ne répond pas aux critères du tableau… Tant la famille de lésions et de causes professionnelles est grande.

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4 fois plus en 10 ans

En 2007, 44 000 malades ont été indemnisés par le Régime Général de l’Assurance Maladie au titre d’un de ces cinq tableaux. Soit près de 3/4 des maladies professionnelles indemnisées. Et quatre fois plus qu’en 1997. 40 000 d’entre eux le sont pour des lésions dues aux gestes et postures de travail. C’est dire l’ampleur de la question.

Des coûts à l’avenant

Les 44 000 maladies indemnisées correspondent à 750 millions d’euros, à retrouver dans les cotisations « AT-MP » des entreprises… A ces coûts de soins, d’indemnités journalières pour arrêt de travail et de rentes, s’ajoutent les impacts au sein de l’entreprise. Cela correspond à 7 000 000 de journées de travail (donc de production) perdues par an. Sans compter les impacts sur la performance de l’entreprise. Auxquelles s’ajoutent les conséquences psychologiques, sociales et familiales pour le malade. Certains parlent de coûts cachés… mais ils sont bien réels.

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De la douleur éphémère à la lésion définitive

Tout commence, par exemple, avec des douleurs, des picotements, des fourmillements, des engourdissements, une baisse de la force dans les doigts ou la main, ou une difficulté à maintenir la posture ou l’effort… Ces troubles disparaissent avec les repos (fin de semaine, congés). Dans un second temps, les repos ne suffisent pas pour récupérer. La gêne et les douleurs deviennent alors permanentes et perturbent les gestes de la vie professionnelle… et domestique ! A ce stade, les lésions sont installées et sont irréversibles. Elles sont là au travail et à la maison.

Des maux et des mots savants

Les médecins baptisent ces lésions de noms peu commodes à retenir. En fonction de la lésion et du lieu, cela donnera : tendinite, tenosynovite, hygroma, syndrome canalaire, syndrome du canal carpien, épicondylite, épitrochléite, syndrome de la coiffe des rotateurs, syndrome de Quervain, syndrome de la loge de Guyon, etc. Les médecins regroupent ces différentes affections aux noms barbares sous le terme générique d’affections péri-articulaires. C’est-à-dire des « maladies autour de l’articulation ».

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La famille est grande

Le nombre et la variété de lésions qui se cachent derrière le terme de TMS est considérable. Elles touchent donc les chevilles, les genoux, les hanches, le dos, le cou, le poignet, les coudes et les épaules. Bref, là où des os, des muscles, des tendons et des ligaments constituent les articulations, et là où passent les nerfs dans d’étroits et fragiles tunnels.

A propos de « surmenage »

Qui dit surmenage, dit déjà tout. On a trop sollicité l’organisme. On pense souvent au surmenage du cerveau de l’étudiant qui passe un examen, du cadre de direction qui est soumis à de multiples pressions et stress. Dans le cas des TMS, il s’agit à la base du surmenage des articulations, c’est-à-dire des os, tendons, gaines, et nerfs qui la composent ou l’environnent. On parlera d’hyper-sollicitation.

FAIRE LE LIEN ENTRE SANTÉ ET TRAVAIL

Dès lors que des gestes, des tâches, des efforts répétitifs s’enchaînent au long des heures de travail, les facteurs principaux sont réunis. Il va de soi que cela concerne de nombreux métiers et secteurs d’activité.

Un interlocuteur privilégié

Devant la définition des TMS, un interlocuteur a un rôle essentiel : le médecin du travail. Il a la compétence médicale pour faire le lien entre la situation de travail et le risque lésionnel. Demandons son avis avant d’avoir des maladies déclarées à la Sécurité Sociale. Après une visite de l’entreprise, il pourra diligenter les réflexions à poursuivre et, le cas échéant, conseiller sur les premières mesures à prendre.

Un allié essentiel

Devant l’enjeu des TMS, un allié est essentiel : le dialogue. C’est grâce à lui que les salariés, le médecin du travail et le chef d’entreprise pourront définir une « démarche de prévention » sur les situations de travail.

Une approche adaptée

Devant la complexité des TMS, il est préférable de s’engager dans une démarche qui puisse associer de multiples compétences. L’ergonome est la personne qui peut réunir les compétences nécessaires, en partant de l’analyse de la situation de travail. Pour endiguer les TMS, une seule formule : soyons vigilants !

(Publié dans le N°6 : Gestes répétitifs vous avez dit ) le 15/05/2009

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