Bruno Delcampe, Dirigeant Fondateur, SOS Entrepreneur

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Aider à temps le ou la chef(fe) d’entreprise de TPE/PME en difficulté

Chef d’entreprise d’une PME du second Œuvre (100 salariés et 10 millions d’euros de chiffre d’affaires) Bruno Delcampe a connu l’échec, la liquidation judiciaire et l’enfer des tribunaux de commerce… Mais aussi la solitude… Refusant de sombrer suite à ses déboires, il décide de mettre ses compétences au service des entrepreneurs en grande difficulté et créée l’association SOS Entrepreneur, une structure dédiée aux chefs d’entreprise de TPE et PME, qui souhaitent être aidés et épaulés en toute confidentialité (là où lui s’était retrouvé seul par manque de structure existante). Parce que la souffrance des chefs d’entreprise TPE et PME en difficulté est réelle, Entreprise & Santé a souhaité le rencontrer. Merci à lui pour sa sincérité, son humilité, ses convictions et son énergie salutaire.

Pourquoi accompagner les patrons de TPE ou PME en difficulté ?

Bruno Delcampe : Par an, en France, 60 000 chefs d’entreprise perdent leur entreprise. Je vais être direct pour l’avoir vécu : non accompagné, c’est l’enfer. D’autant que l’on ne peut en parler à personne. Surtout pas à la banque, qui perd très vite confiance… Ni aux clients, qu’il faut préserver. Ni aux fournisseurs, dont on dépend pour servir les clients… Et il faut aussi sauvegarder le moral et la confiance des collaborateurs. On est donc seul, dans un état de solitude extrême… On vit avec l’angoisse permanente de voir disparaître son entreprise. L’angoisse d’être rayé de la carte et de revenir au point de départ.

Qu’en est-il alors de la santé de ce dirigeant en difficulté ?

Bruno Delcampe : Le chef d’entreprise d’une TPE ou d’une PME en grande difficulté met en péril sa santé. 90 % des chefs d’entreprise en cessation de paiement ont recours aux antidépresseurs. Ils vont voir un médecin, car la situation est redoutablement épuisante. Ils sont face à une montagne trop importante : ils ne peuvent plus se payer, il doivent tenir le moral de l’équipe, faire face aux clients, répondre aux appels de la banque et aux relances des fournisseurs. Cette tension permanente est extrême… La santé d’un chef d’entreprise en situation de paiement est dégradée. Si on monte avec lui un plan de redressement, sa santé s’améliore. Car il entrevoit alors sa survie. Il faut oser consulter tôt un médecin et dépasser sa pudeur ou sa fierté. On a du mal à accepter cela. On cherche à comprendre une situation très complexe qui nous dépasse : une situation non vécue auparavant et dont on a espéré qu’elle n’arriverait jamais.

On peut donc parler de souffrance au travail du patron de TPE ou PME

Bruno Delcampe : C’est le moins que l’on puisse dire ! On peut plutôt parler de souffrance tout court. Le patron d’une TPE ou d’une PME a un mandat social et dans la majorité des cas il est travailleur non salarié. Ses perspectives sont simples : plus de travail, pas de séurité sociale, voire perte de sa maison, etc… Petit à petit il rentre dans un état second : réveils incessants, pertes de sommeil, voire insomnie totale, stress au quotidien et stress devant son avenir, etc. Sa famille est impactée. Elle se trouve impliquée. On est aussi père ou mère et on est, excusez-moi l’expression, complètement vidé le soir… Avec une question lancinante : vais-je réussir à survivre et maintenir en vie mon entreprise. L’absence de visibilité est extrêmement dure à vivre. Et il faut trouver réponse à toutes sortes de questions. Où est le marché Quelle solution économique ? Quelles perspectives avec ou contre mes concurrents ? Les sujets à aborder sont multiples. Il arrive même petit à petit que l’on perde son discernement.

Peut-on parler alors de burn out ?

Bruno Delcampe : Oui et non. Oui, au sens au de la souffrance psychologique extrême. Non, car il ou elle ne s’arrête pas. S’il ou elle ne se présente pas dans l’entreprise, tout s’aggrave. L’entreprise s’arrête. Les collaborateurs s’appuient sur le chef d’entreprise. Il ne peut donc pas s’arrêter immédiatement. On est vraiment devant une situation d’isolement d’une personne qui a donné toute son énergie. Et pour un revenu moyen peu élevé, qui n’a rien à voir avec l’image que l’on a du « patron ». Voire un revenu nul en cas de crise. Et, au fur et à mesure de la crise, il ou elle est de plus en plus seul(e).

Pourquoi avoir créé SOS Entrepreneur ?

Bruno Delcampe : Pour répondre aux situations d’urgence et éviter la liquidation devant le tribunal de commerce. Il y a pour le chef d’entreprise une seule chose à faire : se faire accompagner. Nous apportons une expertise de crise. Nous aidons à sortir d’une situation de cessation de paiement. Au tribunal, le chef d’entreprise ne doit pas être seul. L’expert comptable est l’homme des chiffres et le chef d’entreprise est l’homme de l’entreprise. Il faut un positionnement intermédiaire qui sache utiliser la loi de sauvegarde de 2005, et non pas la subir. SOS Entrepreneur est la seule association qui accompagne le chef d’entreprise en situation de cessation de paiement. Céée en 2011, l’association a déjà traité plus de 9 000 appels. Nous sommes joignables 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

SOS Entrepreneur a un statut d’association sans but lucratif…

Bruno Delcampe : Oui. Et SOS entrepreneur ne bénéficie d’aucune subvention de l’Etat, en raison de la loi européenne qui dénoncerait alors une situation de concurrence déloyale ou de soutien abusif. A ce même titre, SOS Entrepreneur ne bénéficie d’aucune aide de collectivités territoriales ou de chambres de commerce. SOS Entrepreneur bénéficie du soutien de partenaires privés qui considèrent qu’éviter une cessation de paiement, c’est servir l’économie d’un territoire.

Vous pouvez préciser ?

Bruno Delcampe : Au récent sommet de la CEE de Bratislava, nous avons démontré que c’est moins coûteux d’aider une entreprise à temps que d’attendre que tout soit perdu. Et je parle bien de TPE ou PME. En termes simples : relever un homme ou une femme chef d’entreprise qui est à terre, cela a un coût considérable. Sans compter les conséquences psychologiques et sociales au sein de l’entreprise, des familles et de soi-même. La chute est d’autant plus douloureuse que le chef d’entreprise de TPE ou PME recherche l’autonomie, la responsabilité et la reconnaissance à travers son travail, souvent sans prétention particulière. Au niveau européen, il y a aujourd’hui de plus en plus de sociologues et d’économistes qui travaillent sur la notion de rebond. Il faut permettre à ces hommes et ces femmes chef d’entreprise de rebondir. Il faut pouvoir se reconstruire.

Quel conseil donneriez-vous à un patron de TPE ou PME ?

Bruno Delcampe : Ne pas hésiter à nous appeler. Ne pas subir une situation de cessation de paiement. Nous apportons une expertise de crise. C’est notre spécialité. La TPE ou la PME n’a pas les moyens de se la payer. Nous l’apportons. Nos intervenants sont formés au conseil économique spécialisé face à la loi de sauvegarde de 2005, qu’il faut savoir utiliser. Nous accompagnons aux audiences du tribunal de commerce, comme nous discutons avec l’administrateur judiciaire. Nous refusons un système qui conduit à l’échec.
Ce qui nous intéresse, c’est l’entrepreneur.

SOS entrepreneur, Association Loi 1901 d’intérêt général et à but non lucratif.

Sa vision :

Permettre à tous les entrepreneurs de P.M.E. en grande difficulté, de pouvoir recréer de la richesse économique (contribution au développement du P.I.B. de leur région) et de l’emploi.

Ses mises en œuvre :

1) un numéro joignable 24h./24 : 06 15 24 19 77
=> plus de 9 000 appels de détresse traités depuis sa création en 2011 ;
2) un entretien de première urgence dans les 5 à 8 heures du 1er contact.
3) un accompagnement d’urgence avec un Expert de Crise issu du milieu PME, pendant 3 à 6 mois.
4) Interventions dans la société civile : abrogation de l’indicateur banque de France 040 ; Loi de Sauvegarde Accélérée ; Intervention Sommet européen de Bratislava ; Intervention dans la Loi PACTE au parlement (juin 2018).

Son fonctionnement :

Aide gratuite apportée directement auprès du dirigeant en grande difficulté qui ne peut plus se rémunérer. Accompagnement assuré par un expert de crise rendu éligible par SOS Entrepreneur.

Diplômé d’une maîtrise de gestion des entreprises Paris-Sorbonne, ayant poursuivi une formation de DESS de Finances Paris Sorbonne et obtenu un MBA EDHEC, Bruno Delcampe a été chef d’entreprise, créateur d’entreprises, en Belgique et en France dans la distribution, le conseil et le second œuvre. Il a auparavant dirigé des entreprises de distribution en France et en Belgique (Sergent Major, Tout Compte Fait, Etam) après avoir occupé des postes de direction d’achats, de direction commerciale, de direction générale et d’administrateur délégué.

2011 : Création de SOS Entrepreneur :
- Prix edhec 2012 de l’entreprise solidaire
- Agréée « entreprise solidaire » par la direccte

• 2013 : Participation aux assises de l’entreprenariat (ministère de l’Économie et des Finances)
• 2013 : Création de la fondation « entrepreneurs en détresse » sous l’égide de la Fondation Caritas France afin que les entrepreneurs de PME en grande difficulté puissent trouver les ressources nécessaires au sauvetage de leur entreprise et échappent aux risques d’exclusion et de faillites personnelles.

• 2013/2014 : Participation au groupe de travail de la réforme des tribunaux de commerce (Ministère de la justice)
• 2014 : Participation à la rencontre de « labEx entreprendre » (chaire sante des dirigeants de PME et des entrepreneurs
–Universite de Montpellier)
• 2016 : Intervention au sommet de la CEE de Bratislava
• 2018 : Intervention à l’Assemblée nationale dans le cadre de la loi Pacte.

(Publié dans le N°43 : Services à la personne: on en aura tous besoin un jour !) le 17/07/2018

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