Le travail constitue un axe citoyen pour la prévention de tous les jours.
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Jean-Pierre Canarelli Professeur de chirurgie pédiatrique au CHU d’Amiens Président de la Conférence Régionale de Santé et de l’Autonomie de Picardie
1/ Vous êtes Professeur de chirurgie pédiatrique au CHU d’Amiens. Reconnu bien au-delà de la région. Aujourd’hui, vous vous préoccupez de prévention, de santé publique et de santé au travail, pourquoi ?
JPC : Très tôt dans mon activité de chirurgie, je me suis intéressé au difficile problème du handicap congénital ou acquis des enfants. La prévention de l’obésité commençait déjà à devenir une préoccupation majeure chez l’enfant. Et, chemin faisant, je me suis penché sur les questions de prévention des accidents domestiques, ainsi que les problèmes d’intoxication alcoolique chez l’enfant, secondaires à la consommation des parents et de la mère en particulier.
Très tôt, mon regard sur mes petits patients et leurs familles est donc celui d’une médecine sociale et humaine…
2/ « Entreprises de Picardie en santé » regroupe 92 entreprises volontaires, qui réalisent, avec leur Service de Santé au Travail, des séances d’information santé à leurs salariés, sur le temps de travail. En quoi cela vous intéresse-t-il ?
JPC : Pour le pédiatre que je suis, quand on veut faire passer un message de prévention qui porte sur le comportement, par exemple sur l’alimentation, l’alcool, le tabac ou la sédentarité, il est très important de prendre en charge l’impact familial. On ne peut pas imposer à l’enfant ou l’adolescent des choses qui vont l’exclure de son environnement familial. Il faut donc des messages répétés et adaptés à l’âge, mais cohérents et ayant la même finalité avec ceux qui sont dispensés auprès des familles. Ces messages doivent être retrouvés dans les transports, à la maison et au travail. Pour l’enfant, le travail, c’est le milieu scolaire. Pour les parents, c’est l’entreprise. Un même message doit être conçu et ciblé visà-vis de la famille dans son ensemble ; il doit être décliné de manière différente mais cohérente au sein du milieu éducatif, du monde du travail et des différents médias. Avec cette approche à laquelle je tiens particulièrement, le programme « Entreprises de Picardie en santé » représente une réelle opportunité.
3/ Pour vous, les entreprises peuvent jouer un rôle majeur dans la prévention des grandes maladies, telles que l’hypertension artérielle, le diabète, les cancers, etc… Pourquoi ?
JPC : Oui, sans aucun doute. Le travail nous permet d’aborder les questions de « bonne santé », sans être considéré comme un malade potentiel. Il faut apprendre très tôt les bons comportements et les bons usages. Je pense que, jusqu’à présent, au travail, on se préoccupait surtout de la prévention des pathologies d’origine professionnelle. Ce n’est plus le seul rôle. La grande nouveauté, c’est que le travail constitue un axe citoyen pour la prévention de tous les jours. Et cela concerne l’ensemble du monde du travail, y compris le personnel des établissements de santé, par exemple. Pour moi, c’est une évidence. Prenons l’exemple de l’alimentation : pour ceux qui le veulent, cela sera plus facile de changer ses habitudes si le message est global et répété. Le monde du travail a un rôle majeur à jouer.
4/ Connaissiez-vous l’action des Services de Santé au Travail, avant de vous engager dans le programme « Entreprises de Picardie en santé » ? Qu’en retenez-vous ?
JPC : Dans mon esprit, les Services de Santé au Travail se préoccupaient surtout de la question des maladies professionnelles et des risques liés au travail ou au trajet. J’ai découvert une grande motivation à toujours mieux répondre aux besoins des entreprises et des salariés. Donc, aux besoins de la population générale. Avec un vrai besoin exprimé par les salariés d’une information non pontifiante et non réductrice. Les professionnels de santé des Services de Santé au Travail sont dans une prise en charge et un accompagnement personnalisé, de l’entreprise et de son salarié. Le salarié peut avoir des réponses à des questions qu’il ne pose pas à son médecin traitant, car il va le voir pour une maladie. l’idée que je retiens, c’est que beaucoup de choses sont possibles, en associant le monde du travail. Et cela, pour qu’au niveau du comportement individuel, on aille vers une meilleure hygiène de vie.
5/ Vous êtes le fondateur du réseau Oncopic, c’est-à-dire un réseau qui regroupe de nombreux intervenants concernés par le cancer. Vous en avez été le président jusque 2010. Que dire du travail en réseau ?
JPC : Le travail en réseau est une nécessité incontournable. Il faut mettre ensemble des métiers différents qui ont le même but. Il faut mettre en relation des gens qui ne se connaissent pas. Il y a un potentiel énorme de personnes très qualifiées qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Il existe, à proximité de notre domicile et de notre entreprise, de nombreux professionnels compétents. Le médecin du travail en fait partie. Il faut conseiller les gens dans la proximité, se rencontrer et se coordonner pour répondre à leurs besoins. Il y a du chemin à faire. Par exemple, avoir un annuaire des compétences locales disponibles serait un grand pas….
6/ Vous êtes président de la Conférence Régionale de Santé et de l’Autonomie de Picardie. Quel est son rôle, qui la compose ?
JPC : Cette Conférence permet de réunir des professionnels de santé, des élus, des associations d’usagers, des représentants du monde économique et social. Ensemble, ils doivent étudier une problématique de santé dans la région, essayer de trouver des solutions, valider les projets. Tout cela, en correspondance des besoins des usagers. La Conférence travaille en harmonie avec l’Agence Régionale de Santé. La parole est libre. Tous les apports sont pris en compte pour identifier ce qui ne va pas et proposer des solutions.
7/ En conclusion, pouvez-vous nous citer un fait majeur à prendre en compte pour l’avenir ?
JPC : La démographie médicale est un gros problème. Cela nous amène à repenser nos habitudes et nos pratiques. Entreprises de Picardie en santé en est un exemple très intéressant. Car il va falloir multiplier les actions de prévention, développer les diagnostics précoces, favoriser toutes actions locales qui puissent coordonner les acteurs de métiers différents. Avec une même finalité : améliorer la santé de nos populations. En Picardie nous avons un exemple historique. Il y a vingt ans, nous avions la mortalité infantile la plus élevée de France. Aujourd’hui, nous sommes au niveau de la moyenne nationale. Nous le devons à un travail collectif, qui n’a exclu aucun acteur, que celui-ci soit public ou privé, en liaison avec les élus. Il faut travailler sur les déterminants de santé, en regardant au-delà des cinq ans à venir… A ce sujet, « Entreprises de Picardie en santé » ouvre de nombreuses pistes de réflexion.
Né à Paris en 1947, Jean-Pierre Canarelli arrive à Amiens en octobre 1970. A 23 ans, il entre comme interne de Chirurgie au Centre Hospitalier Universitaire d’Amiens. Depuis, il n’a plus quitté la cité de Jules Verne, également surnommé « La petite Venise du Nord ». Depuis 1975, il a dirigé de nombreux travaux scientifiques, qui ont fait l’objet de publications, sur la chirurgie digestive du nouveau-né, la prévention des accidents chez l’enfant et la prise en charge des parents, suite à l’annonce d’une malformation chez l’enfant.
Assistant en chirurgie pédiatrique au CHU d’Amiens
1985
Professeur des Universités en chirurgie pédiatrique au CHU d’Amiens
1995-2003
Président de la Commission Médicale d’Etablissement du CHU d’Amiens jusque mars 2003
2005-2010
Responsable du Pôle de Pédiatrie et du Centre d’Activités Chirurgie Pédiatrie au CHU d’Amiens
2006-2010
Fondateur et président du réseau ONCOPIC jusque 2010 (Réseau Régional de Cancérologie) Président de la Conférence Régionale de Santé de Picardie
2010
Président de la Conférence Régionale de Santé et de l’Autonomie de Picardie
(Publié dans le N°15 : 50 ans... et alors ?) le 28/10/2011
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